lundi 24 décembre 2012

Beastie Boys - Licensed to Iil



BEASTIE BOYS - LICENSED TO IIL (1986)

Au début, les Beastie Boys étaient punks, et ce de leur formation en 1979 jusqu’à leur rencontre avec Rick Rubin en 1983. A partir de là, Adam « Ad-Rock » Horovitz, Michael « Mike D » Diamond et Adam “MCA” Yauch se font rappeurs sur le label Def Jam. Rick Rubin, Def Jam, deux noms vénérés par les fans de hip-hop old school et de thrash metal. Pensez donc, produire des artistes mythiques comme EPMD, Public Enemy, Slayer, Slick Rick, Joe Budden, Jay-Z, LL Cool J, Ludacris, Warren G, Method Man, Redman, Run-D.M.C., The Roots, Nas, ça vous forge une réputation (et encore, je me suis fait violence pour ne garder que l’essentiel). Sauf qu’à l’époque (84-86), tout est encore à faire et le label tout entier repose sur le succès de Run-D.M.C. Alors quand Licensed To Ill atteint la première place du Billboard en 1986, Rick Rubin et son associé Russel Simmons se frottent les mains.

Hautement parodique, carrément déjanté, Licensed To Ill est un album unique dans l’histoire du hip-hop. Les Beastie Boys se moquent de tout et de tout le monde, à commencer par les vieux dinosaures du rock. Led Zeppelin est impitoyablement remixé pour servir de sample et le heavy metal est gentiment brocardé sur No Sleep Till Brooklyn (référence au mythique live de Motörhead, No Sleep Till Hammersmith). On peut d’ailleurs entendre le guitariste de Slayer Kerry King sur toute la durée du morceau, sans doute venu décompresser entre deux séances d’enregistrement de Reign In Blood. No Sleep Till Brooklyn n’est pas la seule chanson orientée hard-rock de l’album : Rythmin & Stealin, She’s Crafty et Fight For Your Right participent aussi aux réjouissances métalliques. Fight For Your Right justement, faux hymne adolescent aux paroles volontairement débiles dont je vous laisse la surprise, mais aussi Girls et son machisme en carton, Paul Revere et son histoire burlesque, j’en passe et des meilleurs… La voix criarde de Ad-Rock participe beaucoup au côté parodique de l’album, renforçant encore plus le ridicule de certains textes.

Attention cependant, à ne pas confondre Licensed To Ill avec un simple album de comiques ratés comme la France en produit tant. Les Beastie Boys font bel et bien du rap, en témoigne Slow and Low, une composition de Run-D.M.C. qui aurait dû apparaître sur l’album King Of Rock. Run-D.M.C. toujours, sur Brass Monkey (une sorte de cocktail alcoolisé aux USA), récit d’une soirée partagée par les deux groupes. Vingt ans après, son refrain est toujours aussi jouissif, son rythme toujours aussi délirant. L’influence des maîtres du rap old school se fait également sentir sur Hold It Now, Paul Revere, Posse In Effect et The New Style, uniquement portés par une boîte à rythme, un sampler et le chant alterné des trois Boys. On peut même distinguer des similitudes entre les instrumentations de Peter Peper (sur l’album Raising Hell de Run-D.M.C.) et celles de titres comme Slow Ride et Girls, où le hip-hop entre en collision avec la musique hawaïenne la plus kitsch.

A l’image de sa conclusion (Time To Get Ill), Licensed To Ill est un album à la fois tonitruant et rafraîchissant, qui mérite bien une petite place dans le coeur des fans des B-Boys. Toutefois, le manque d'imagination au niveau des instrumentations (The New Style notamment) est un sérieux handicap. Plus tard au cours de leur carrière, les Beastie Boys auront un regard critique sur leur début et sur certains de leurs textes d’alors. C'est avec la maturité que le meilleur pointera le bout de son nez, sur le phénoménal Ill Communication. Comment un groupe de rappeurs débiles s’est transformé en groupe de rappeurs matures et frondeurs, c’est une autre histoire.


TRACKLIST :

A1Rhymin & Stealin4:08
A2The New Style4:35
A3She's Crafty3:36
A4Posse In Effect2:27
A5Slow Ride2:56
A6Girls2:14
A7Fight For Your Right3:28
B1No Sleep Till Brooklyn4:07
B2Paul Revere3:42
B3Hold It Now, Hit It3:29
B4Brass Monkey2:38
B5Slow And Low3:37
B6Time To Get Ill3:37




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