lundi 17 décembre 2012

Recoil - Hydrology



RECOIL - HYDROLOGY (1988)


Recoil est désormais devenu une sorte de projet à structure changeante enveloppant toutes sortes de chanteurs et musiciens mais sous sa forme originelle, c'était tout simplement le défouloir d'Alan Wilder, sa voie de détresse privée. Je dois avouer que je préfère nettement les vieux disques de Recoil. Hydrology est un bon travail, principalement un travail d'ambiance. Les sons sons vraiment proches de Depeche Mode (époque Music For the Masses/pre-Violator) et cela n'a rien de surprenant puisque Alan était le créateur du son si particulier de Depeche Mode.

Hydrology commence avec "Grain", un morceau au piano très romantique et beau dans la lignée des meilleurs instrumentaux de Depeche Mode comme "St Jarna". Beau et pervers. Plus le morceau avance, plus "Grain" se transforme en une histoire racontée sans aucun mot, quelque chose de plus ressenti que compris, une ambiance de vol au dessus d'un désert aride. C'est une musique vraiment filmique. Il y a des cuivres qui sonnent comme des klaxons désolés de voiture en plein milieu du morceau. Qui sait ce qui arrive là mais tout cela est vraiment bien fait et saisissant. 

"Stone" qui ne dure pas moins d'un quart d'heure est ici mon morceau favori. Un travail vraiment théâtral, extrêmement dramatique, un truc désolé et saturnien qui monte en intensité très progressivement, commençant calmement et se voyant ajouter peu à peu des éléments, se faire construire brique par brique et finalement exploser dans un étrange chaos de rage apocalyptique et puis qui soudainement s'arrête sans plus de raison que ça. Et là démarre la seconde partie du morceau: un fascinant voyage industriel et harmonique (bruits de métal, acier contre acier, des sons de hangars, des annonces de train, des chants patriotiques russes, des explosions de surface). Ce morceau m'a littéralement hantée quand j'avais 13 ans. Perdue à l'intérieur de ma tête, je marchais dans un désert imaginaire, je passais à travers des sites industriels, j'allais parmi des paysages sales, dégueulasses. Je passais des ponts de métal et j'allais par delà les routes, je voyais au hasard de mes pas passer des cheminées d'usine numérotées vomissant leur vapeur opaque, j'étais là parmi l'industrie. J'étais une enfant des temps industriels. Un énorme monstre de métal. Une usine faite corps. Une machine. Je voyageais à travers les vents, j'allais partout. J'étais monochrome. J'étais plurielle. Nous étions partout. "Stone" est un morceau brillant.

"The Sermon" est aussi un travail très fort (sous-marins, new wave, instrumental). Son ambiance est vraiment particulière et la fin du morceau (qui laisse entendre ce que je suppose être un sermon Africain) est ce que je ne peux appeler d'autre que: bizarre. Déstabilisant et perturbant en un sens: comme être mis face aux choses obscures d'une autre culture. 

A écouter tout ça, c'était vraiment un travail au delà de son temps. Je déteste faire de telles déclarations mais je m'en fous un peu de le faire pour Hydrology. Ce disque a presque 25 ans. Il n'a pas vieilli selon moi et son approche pertinente des sons et des ambiances n'a définitivement pas souffert d'avoir presque un quart de siècle. Il y a quelque chose de clair, filmique, attirant, dramatique et tendu à l'extrême dans cette musique. Et aussi quelque chose de vraiment simple: c'est comme une musique faite au plus saisissant et construite avec le radical minimum. Et c'est ce qui manque tout particulièrement à la musique de Depeche Mode aujourd'hui. Alan était un membre crucial du groupe. Pour en finir, je dirai qu'Hydrology est un des disques les plus influents de ma petite vie dans le sens où c'est un travail séminal pour moi et qu'il m'a beaucoup influencée quant à mes obsessions musicales. 



TRACKLIST :

A1        Grain                  7:43      
A2        Stone               14:32    
B          The Sermon      15:03





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