vendredi 8 février 2013

Metallica - Master Of Puppets



METALLICA - MASTER OF PUPPETS (1986)


1986. Voilà une année qui aura marqué le métal. Metallica n'y est sûrement pas étranger avec son 3è album, "Master Of Puppets", considéré par beaucoup (dont moi) comme le meilleur du groupe et l'un des chefs-d'œuvre du métal. Si Metallica s'était fait remarquer avec "Kill 'Em All" et avait fait mieux que confirmer avec "Ride The Lightning", c'est avec "Master Of Puppets" que les Four Horsemen vont définitivement assurer leur supériorité et démontrer qu'ils sont bien plus qu'un simple groupe de thrash.

Metallica a progressé bien vite depuis "Kill 'Em All". Suivant une évolution logique déjà entamée sur "Ride The Lightning", le groupe complexifie ses morceaux, qui deviennent moins immatures, plus longs, plus variés, plus "professionnels". C'est l'apparition des fameuses "chansons à tiroir", où l'ensemble est composé de différentes parties bien distinctes qui s'imbriquent les unes aux autres. Le titre éponyme en est un parfait exemple: une 1è partie centrée autour d'un riff thrash extraordinaire puis un refrain magique (que personne n'a oublié), une 2è constituée d'un break aux arpèges surprenants, très mélodiques suivi d'un solo non moins magnifique (certainement l'un des meilleurs passages de l'album), une 3è avec un riff très lourd et une ambiance beaucoup plus sombre qui se termine par un solo génial de Captain Kirk, une 4è plus mélodique, plus aérée qui introduit la 5è partie, similaire à la 1è. Le morceau se termine sur les rires schizophrènes de James. Archi-culte.

Réduire ce chef-d'œuvre à ce morceau serait absurde. Tous les titres ont leur mot à dire. Les décrire tous serait bien trop long, mais on garde en mémoire certains passages fantastiques.
Comme pour "Ride The Lightning", "Master Of Puppets" débute par une intro acoustique, aux sonorités hispaniques bien trouvées, avant que ne débarque le riff surpuissant et que "Battery" ne se transforme en démonstration thrash impressionnante."The Thing That Should Not Be", avec le riff le plus lourd que Metallica ait jamais composé est une pure merveille grâce à ses parties calmes et agressives alternées en crescendo, sans oublier son solo jubilatoire. L'arpège d'intro de "Welcome Home (Sanitarium)" est un autre grand moment, sublimé par l'apparition d'un solo très mélancolique. "Leper Messiah", une des chansons les moins connues de Metallica, n'en est pas moins excellente. Sa structure est simple mais son efficacité est incomparable: le riff de plomb du début, les lignes de basses qui entrecoupent le riff saccadé, son refrain agressif et facilement mémorisable en font un monstre de puissance carrément bandant. L'album se clôt par "Damage Inc.", qui dans la même veine que le titre d'ouverture, nous montre ce qu'est le thrash: rapidité, technicité, efficacité. Quel bouquet final!

Les musiciens semblent au sommet de leur art. Difficile de rester insensible à une telle démonstration de talent: le jeu de batterie parfait de Lars, les riffs plein de créativité, les soli de Kirk tous aussi géniaux les uns que les autres (je n'ai tout simplement jamais entendu d'album avec de meilleurs soli!), les lignes de basse intuitives et décalées de Cliff et la voix de James bien plus percutante qu'avant. On ne peut faire une chronique de cet album sans s'attarder sur ces deux derniers éléments.

James a fait des progrès considérables depuis "Kill 'Em All" et "Ride The Lightning". Sa voix a enfin mué et il peut ainsi mieux la contrôler. C'est une des améliorations les plus significatives du groupe: la voix fluette que certains avaient du mal à supporter fait place à une voix plus sûre, plus étoffée, mieux maîtrisée, qui élargit par conséquent son champ d'action et les émotions qu'elle cherche à nous faire partager. Tout est résumé dans "Welcome Home (Sanitarium)": la voix est au début retenue, chantée doucement pour mieux faire éclater sa rage par la suite. James devient un vrai chanteur.
Mais il n'a pas seulement élargi son registre vocal. Les paroles (qu'il est le seul à composer) sont beaucoup plus abouties. L'adolescent rebelle a mûri et peut emballer son discours avec une rhétorique plus conséquente qu'un "Seek & Destroy" ou un "We're Gonna Kick Some Ass Tonight". Les thèmes vont de la guerre ("Disposable Heroes") à la drogue ("Master Of Puppets"), en passant par la religion ("Leper Messiah"). Même s'ils sont déjà banals à cette époque, la façon dont les sujets sont abordés et la perpective qu'adopte James pour en parler montre un véritable talent de parolier. Il s'inspire d'ailleurs beaucoup d'œuvres littéraires. Lovecraft, après "The Call Of Ktulu", revient avec "The Thing That Should Not Be" et "Welcome Home (Sanitarium) est inspiré du célèbre roman de Ken Kesey, "Vol au-dessus d'un nid de coucou".

Passons maintenant au regretté Cliff. Son influence, quasiment absente sur "Kill 'Em All" et qu'on ressentait déjà bien plus avec "Ride The Lightning", prend ici toute sa dimension. Le génial bassiste, très influencé par la musique classique et le jazz sait parfaitement sublimer les morceaux, leur donner ce petit plus qui les élève au rang de culte. Si j'ai d'abord fait l'impasse sur "Orion", c'est parce qu'il mérite un traitement spécial. Deuxième instrumental du groupe après "The Call Of Ktulu", "Orion" commence par une partie axée guitare/batterie au riff encore une fois bien trouvé et parsemés de jolis soli. La deuxième partie met en avant la basse et le génie de Cliff. Tout simplement magistral, celui-ci nous montre l'étendu de son talent pour un rendu grandiose, accompagné de mélodies mélancoliques qui donnent des frissons (le passage de 6'35 à 6'53 me ferait presque chialer!). Ce morceau prend une dimension d'autant plus grande qu'il a été joué à l'enterrement de Cliff, décédé tragiquement, comme chacun le sait, dans l'accident du tour-bus en Suède près de Ljungby le 27 septembre 1986 à l'âge de 24 ans. C'est donc aussi la tristesse et la nostalgie qui s'emparent de nous à son écoute. La musique est une question d'émotions, quel meilleur exemple que "Orion" pour le confirmer.

Avec cet album, Metallica trouve sa place au panthéon du métal et de la musique en général. Côtoyant la perfection (le seul léger défaut serait une production un peu faiblarde par moments), le groupe nous offre un pur joyau dont on ne peut sortir indemne. 19 ans après, les émotions ressenties à l'écoute de "Master Of Puppets" sont toujours aussi intenses et le fait que ce soit la dernière démonstration du talent de Cliff le rend d'autant plus culte. De bons musiciens font rarement de la mauvaise musique avait un jour déclaré un proche du groupe. Il ne s'était pas trompé.


TRACKLIST :

A1Battery5:10
A2Master Of Puppets8:38
A3The Thing That Should Not Be6:32
A4Welcome Home (Sanitarium)6:28
B1Disposable Heroes8:14
B2Leper Messiah5:38
B3Orion8:12
B4Damage, Inc.5:08






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