vendredi 28 juin 2013

Alice In Chains -Dirt




ALICE IN CHAINS - DIRT (1992)
Music On Vinyl - MOVLP037- 2009



La vague Grunge venue tout droit de Seattle est en train de déferler sur toute la Planète Rock, emmenée bien sûr par Nirvana, mais également Pearl Jam et Soundgarden. Un autre groupe répondant au nom d’Alice in Chains s’est fait une petite place avec son premier opus Facelift sorti en 1990. Mais cela n’est rien comparé à ce que le groupe prépare.

C’est en 1992 qu’Alice in Chains sort l’album Dirt. Ce disque est emmené par la guitare lourde et acérée de Jerry Cantrell et le chant de Layne Staley dont les textes torturés et mélancoliques rentreront dans la légende. Le frontman se sert de Dirt comme d’un exutoire pour exprimer le cercle nuisible que sa dépendance à l’héroïne lui a fait prendre. Constat effrayant d’un homme conscient de sa lente autodestruction dont il n’a de cesse de tenter de s’extirper sans succès.

Them Bones pose déjà le tableau, un riff incisif et agressif, accompagné des cris de Staley, qui prédit une mort imminente vers laquelle il se sent glisser. S’ensuit un Dam the River dans la même veine, sans mauvais jeu de mots, la rivière représentant ici un fix d’héroïne. Layne Staley la compare à un serpent dont il n’arrive pas à se dégager. Le thème de la mort est bien sûr un sujet récurrent sur cet album, à l’image de Rain When I Die avec son rythme pachydermique. Et que dire du troublant Sickman où le chanteur semble dresser son propre autoportrait.

Alice in Chains fait aussi preuve de talent quand il s’agit de composer des mélodies plus douces avec des titres comme Rooster, Would?, ou encore le poignant Down in a Hole, où la volonté de Layne Staley de se débarrasser de son addiction n’a jamais semblé aussi touchante. Le combo de Seattle nous sert également quelques morceaux à la beauté parfois terrifiante comme Junkhead rappelant la terrible domination d’un dealer sur sa "clientèle" ou encore Angry Chair évoquant la libération provoquée par un "camé" prenant sa dose.

L’inquiétant morceau-titre Dirt est à l’image même de l’album, tant au niveau de la musique que des textes. Le sentiment de déchéance dû à l’héroïne est parfaitement retranscrit par la guitare de Cantrell semblant elle aussi emportée par son dernier fix.

Dirt (couplé à son successeur éponyme surnommé Tripod ou The Dog Album) est une œuvre unique en son genre. Bon nombre de musiciens de talent ont été emporté dans le tourbillon morbide de la came, mais aucun avant Alice in Chains n’avait retranscrit avec autant d’esthétique les différentes facettes de l’asservissement à la dope, qu’il s’agisse de la délivrance obtenue par l’injection du poison, ou du tourment causé par la dépendance conduisant parfois à des pulsions suicidaires pour s’en libérer.

Terrible paradoxe de se dire que le groupe n’a jamais été plus brillant que dans l’affliction la plus profonde, qui finira par couter la vie à l’un d’entre eux. A l’image du concert acoustique d’Alice in Chains avec un Layne Staley cadavérique, semblant en pleine crise de manque, et qui n’a pourtant que rarement aussi bien chanté. (FX - Aux Portes du Metal).



TRACKLIST :

A1Them Bones2:29
A2Dam That River3:09
A3Rain When I Die6:02
A4Down In A Hole5:38
A5Sickman5:30
A6Rooster6:15
B1Junkhead5:09
B2Dirt5:17
B3Godsmack3:51
B4Hate To Feel5:16
B5Angry Chair4:47
B6Would?3:28






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