samedi 1 juin 2013

Santana - Havana Moon




SANTANA - HAVANA MOON (1983)
CBS - 25350

Sentant que sa formule hard-rock FM latino commençait un peu à tourner en rond en ce milieu de première moitié des années 80, Carlos SANTANA annonce du changement avec ce Havana Moon. Pour commencer, un très bon point : le disque possède la pochette la plus belle de sa carrière, ex-aecquo avec le mythique Moonflower. Preuve en est que la recette des jolis dessins fonctionnent encore, en tout cas ici beaucoup plus que pour Shango et les précédents.

Ensuite, loin devant les albums de Devadip le spirituel, ce brave Carlos tendrait à nous faire croire que Havana Moon est son disque le plus personnel, ne serait-ce qu'en raison du "Carlos Santana" sous lequel la galette est créditée. On va vite voir que s'il est en effet l'un de ceux pour lequel le guitariste révèle un attachement particulièrement fort, il est loin d'être aussi original qu'on le pense, en termes de composition. Carlos n'a en effet écrit que quatre morceaux, et rarement tout seul. Dans ce cas là, on placera juste "Mudbone" ainsi que le court interlude "Ecuador", ce qui est peu, vous en conviendrez. Tout le reste, ce sont pour majorité des reprises, mais de chansons pas forcément connues à grande échelle. De plus, Carlos a tenu pour ce disque à en faire l'un des plus variés et éclectiques de sa carrière, bien avant les errances des Supernatural et consorts. On y retrouve une pléïade de musiciens, chose à laquelle on était quelque peu déshabitué depuis, fiouu... Caravanserai ? Ce sont ici pour la plupart des chansons qui ont marqué Carlos depuis l'enfance, à l'image de ce "Vereda Tropical" qui conclue l'album et que son père en personne chante comme dans sa jeunesse avec délicatesse.

Ce disque est produit par Jerry Wexler et Barry Beckett (également claviériste de l'album), inséparables depuis belle lurette et qu'on a retrouvé plus récemment aux côtés de Bob Dylan (Slow Train Coming) ou Dire Straits (Communiqué). Et nous avons donc une belle brochette de musiciens, souvent confinés à une chanson. En fait, seule la section de percussionnistes est commune avec les précédents albums, ainsi que le line-up de Marathon pour ce que l'on croit être une reprise, mais qui est en fait la version originale (avant celle de Zebop ! donc) de "Tales of Kilimanjaro", et celle que Carlos dit préférer. On remarque aussi le retour de Greg Walker, notamment sur "Watch your Step". A la limite du poussif, ce morceau somme toute rigolo offre l'intervention de la section de cuivres du groupe de funk Tower of Power ainsi que des choeurs féminins pour une incursion dans le rhythm'n'blues plutôt enjouée. Un bon moyen de démarrer cet album en grande pompe, mais c'est à vrai dire le seul du style pour cet album. En vérité le début de Havana Moon est plutôt rigolo, car à "Watch your Step" succède "Lightnin' "un morceau bien blues-rock que ne saurait renier maître Lightnin' Hopkins, à qui il est dédié. Puis toujours dans un domaine "roots", arrive "Who Do you Love", interprété par Kim Wilson, pour un résultat proche du pub rock à la Dr Feelgood. Le bonhomme y joue, comme sur d'autres morceaux de Havana Moon, d'un harmonica flamboyant.

C'est donc à toute une série de genres divers dont nous avons droit, avec toujours (ou presque) l'Amérique du Sud et centrale pour fil conducteur. "Ecuador" vient se placer à la suite de "Shango" parmi les morceaux d'inspiration latino pure (que des percussions) et dont l'esprit "contemplation printanière ou estivale" n'est pas sans rappeler certains moments de Borboletta. "Mudbone" est, tout comme "One With you", étiré sur cinq minutes, et tandis que ce dernier joue le rôle de ballade dense, l'autre se présente comme une série de jam rock-latino dont Carlos a le secret. Même constat pour "Tales of Kilimanjaro" qui a tout juste changé, évoquant toujours autant, comme je l'ai dit pour Zebop !, le morceau d'ouverture d'Abraxas. "Havana Moon", entre soul et musique cubaine (forcément...) reste un moment agréable. Mais c'est surtout la fin de l'album qui surprend, et amuse encore une fois. La bluette "They All Went to Mexico" voit les percussions hispaniques fleurter avec la... country ! Et pour cause, Willie Nelson vient taper la chansonnette avec son accent typique de bon texan. Preuve sans doute que venant d'un musicien né près de la frontière (Carlos est de Tijuana), ce métissage même tardif est nettement plus aisé, et le titre reste sympathique. Enfin, "Vereda Tropical", augmentée de la voix et du violon de papa José, se veut fidèle à l'esprit mariachi avec les trompettes appropriées. La maman de Carlos, en entendant cette version, aurait pleuré comme bien des années avant.

Voilà donc pour cet album, qui n'est pour ainsi dire pas une véritable lumière comme on peut l'affirmer de pas mal d'anciens albums, mais qui se révèle aussi correct qu'un Marathon pour ces années 80 en dents de scie. Il a en plus le bon goût d'être varié, d'une diversité qui ne fait pas preuve de défauts (pour cette fois-là en tout cas...). Rajoutons encore une bonne ambiance, des musiciens éphémères pour SANTANA mais assez impliqués, et quelques moments qui donnent le sourire. Et une superbe pochette...

(Merci a Marco Stivell pour sa bien belle bafouille).



TRACKLIST:

A1Watch Your Step3:49
A2Lightnin'3:50
A3Who Do You Love2:54
A4Mudbone5:50
A5One With You5:17
B1Ecuador1:10
B2Tales Of Kilimanjaro4:51
B3Havana Moon4:11
B4Daughter Of The Night4:18
B5They All Went To Mexico4:59
B6Vereda Tropical4:58









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