mardi 20 mai 2014

Electric Light Orchestra - Discovery




ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA - DISCOVERY (1979)
Jet Records ‎ - JET LX 500 - (Europe)


Il arrive toujours un moment où un groupe cesse d’innover et se met à appliquer album après album la même formule. La créativité s'étiole, et c’est le début du grand recyclage. BOWIE, PRINCE, RADIOHEAD… Personne n’y échappe, y compris des artistes pétris d’inventivité et réputés pour leur versatilité musicale. Sans parler de ceux qui, comme OASIS, avaient déjà absolument tout dit au bout d’un ou deux disques. C’est d’ailleurs assez inévitable, quand on y pense : il y a tout simplement des limites à la capacité d’un individu à produire sans cesse de nouvelles idées, de nouvelles mélodies, à se remettre en cause en digérant de nouvelles influences ou en évoluant. C’est notamment le cas après un gros succès, lorsqu’il est tentant d’appliquer sans prendre de risques la recette gagnante et de réécrire dès lors à la chaîne les mêmes chansons sous des formes à peine différente.

Avec Discovery, Jeff Lynne et ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA atteignent très précisément la frontière qui sépare l’innovation de la répétition ad nauseam de la même musique. Tout, ici, du début à la fin, a déjà été entendu sur les disques précédents du groupe. La seule évolution – mais il s’agit d’un changement très anodin – est l’incorporation éhontée d’influences disco qui donnent un aspect archi-commercial à la plupart des chansons. Roublard, Lynne a pris la décision non seulement de s’en tenir aveuglément à la formule qui a fait le succès d’Out of the Blue, mais il simplifie à outrance ses compositions et les adapte à l’air du temps, histoire d’être sûr de les voir grimper vaillamment, comme des bons petits soldats, au plus haut sommet des charts. Les anglo-saxons ont d’ailleurs un mot pour décrire ça : avec cet album, ELO devient « formulaic », c'est-à-dire prévisible et enfermé dans son propre style.

Ce qui sauve néanmoins le groupe d’un basculement définitif du côté obscur est l’efficacité des chansons concernées. Lynne, artisan pop, n’a pas perdu la capacité à composer des mélodies qui font mouche auprès du public : un gentil petit tube discoïde (« Shine a Little Love »), un remake sans vergogne de « Mr. Blue Sky », le hit d’Out of the Blue (« The Diary of Horace Wimp ») ou une rengaine disco-funk (« Last Train to London », qui rappelle « Evil Woman »), sont hautement addictives… Du moins pour qui n’a pas déjà écouté le reste de la discographie d’ELO, car ces compositions révèlent aussi une absence criante d’évolution et laissent une impression de superficialité. Discovery offre une musique attrayante en apparence, mais sans épaisseur et sans âme. Le grain de folie d’autrefois a disparu, et les trouvailles délirantes et brillantes (notamment l’usage décomplexé du vocoder) sont devenues de simples gimmicks.


Porté par le carton phénoménal de « Don’t Bring me Down », un boogie réjouissant bien qu’un peu balourd, l’album est un immense succès. Directement logé à sa sortie à la première place des charts anglais (longtemps réticent, le Royaume-Uni a définitivement capitulé), il y reste cinq semaines tandis que le reste du monde se précipite dessus. C’est la bande son de l’été 1979. Mais cette explosion commerciale se fait cette fois – contrairement aux années passées – au détriment de la qualité artistique. Des compositions incolores et vite oubliées (« Need her Love », « On the Run », « Whishing ») font de ce disque un produit sans ampleur et sans ambition. Signe des temps, Lynne a viré ses violonistes maison et se contente de gérer sans panache l’opulent aspirateur à dollars qu’est devenu ELO. A l’orée des années 80, après avoir survécu sans sourciller à la tornade punk, le groupe est en roue libre... (Baazbaaz - Fp).



TRACKLIST:


A1Shine A Little Love4:42
A2Confusion3:42
A3Need Her Love5:09
A4The Diary Of Horace Wimp4:17
B1Last Train To London4:31
B2Midnight Blue4:20
B3On The Run3:56
B4Wishing4:14
B5Don't Bring Me Down4:08





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