mercredi 2 juillet 2014

The Chameleons - Script Of The Bridge



THE CHAMELEONS - SCRIPT OF THE BRIDGE (1983)
Virgin - 205 597 - 320 (Europe)

On ressort de Script Of The Bridge chamboulé et sans repères, comme si on venait de visiter un rêve.
Et c'est d'ailleurs un peu ça, tant la texture fantasmagorique de cet album dessine un voile onirique qui bouleverse les sens. Le ton, particulièrement crépusculaire, composé essentiellement de guitares acérées et transformées en créatures mécaniques, créé une impression d'abîme. Une sorte de chute dans l'iréel, les chimères et les cauchemars.
Véritable déclaration sans affectation des tourments intérieurs, ce sommet absolu de la cold-wave anglaise ressemble à un rendez-vous morbide. La batterie impose une cadence métrominique, tandis que les guitares, très claires, tailladent de façon chirurgicale, transformant l'atmosphère en chambre froide. Les formidables chansons sont géniales de dynamisme robotique, nous entrainant vite vers des vertiges céleste. Cette impression de voyage intérieur est d'autant renforcé par la magie des mélodies et les ambiances raffinées des claviers, vaporeuses et légèrement angoissantes.

Ce chef-d'oeuvre est fascinant à plusieurs titres, par sa maîtrise, son impact sur les consciences, traumatisantes, et sa visée symbolique. Véritable exposé cru et dénué de remords du côté osbcur de l'être, Script Of The Bridge, avec ses détours labyrinthiques et ses montées graduelles dans la violence, explore les pulsions refoulées, les angoisses et la fascination masochiste pour les tabous. Les textes sont particulièrement malsains : "There's No Eden Anyway" ou encore " I'm Less Than Human In God's Eyes", particulièrement désespéré. Les tempos tantôt soutenus, tantôt ralentis et éthérés, concourent à nous plonger dans l'hébétude la plus totale. On est d'autant plus dérouté que la voix de zombie de Mark Burgess, déclamatoire, grave et majestueusement ténébreuse, semble indiquer que rien ne sort du coeur mais d'un corps malade, voire cadavérique.
Et ce n'est pas l'ambiance générale de l'album, minutieusement composée, riche en orfévrerie et délicieusement empoisonnée, qui va contredire cette impression tenace d'avoir à faire à un monde dévasté et sans lueurs.
Une contrée céleste mais sans attache avec la réalité, à l'image de la pochette, sorte de dessin à la Salvadore Dali, bizarre, absurde et tout en symbolisme. Un peu comme les représentations des rêves que les psychiatres demandent parfois d'exécuter, cette image fascine par son côté suréaliste et par ses indices : une route sans horizons, un désert, un arbre creux, sans substance vitale, une âme déchiquetée et une opposition entre le bleu et le rouge, symbôle de la mélancolie et de la contradiction.

The Chameleons savaient dépeindre par leur musique séminale et fantastique, les folies qui les habitaient, leur fascination pour le morbide, sans complaisance mais avec une mise en scène incroyable, tout en grâce et en decorum gothique.
Indépassable chef-d'oeuvre, hors du temps et touché par la magie, cet album marque à jamais quiconque s'en approche. Marquant le coeur de chacun, la confrontation avec cette vue sur l'autre côté du miroir, est un moment unique, inégalé et grandiose. (Vic - Xsilence).




TRACKLIST:

A1Don't Fall4:03
A2Here Today3:59
A3Monkeyland5:14
A4Second Skin6:51
A5Up The Down Escalator3:56
A6Less Than Human4:10
B1Pleasure And Pain5:06
B2Thursday's Child3:32
B3As High As You Can Go3:33
B4A Person Isn't Safe Anywhere These Days5:40
B5Paper Tigers4:16
B6View From A Hill6:38







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