mardi 10 mars 2015

Blur - Think Tank




BLUR - THINK TANK (2003)
Parlophone ‎- 5099962484817 - 2 LP - (UK & Europe).

Dernier acte de l’épopée blurienne, cet album a été composé et réalisé sans le guitariste Graham Coxon, qui a claqué la porte pour cause de désaccord avec Damon Albarn. Quand on connaît la carrière solo du doux binoclard, emprunte de simplicité, de tonalités folk, on comprend que l’auteur de réussites pop comme « Coffee and TV » ait ressenti une divergence croissante avec les expérimentations électro du leader. Albarn a mené BLUR vers les sonorités intéressantes de Blur (1997) puis de 13 (1999), et fait vivre depuis 1998 son concept de groupe virtuel (GORILLAZ). Ce nouvel album est en partie produit par William Orbit ou FATBOY SLIM : un terrain de jeu sur lequel Coxon ne souhaite plus s’exprimer, Think Tank se fera donc sans lui.

Think Tank – terme issu du monde politique, que l’on peut traduire par « laboratoire d’idées » ou « groupe de réflexion ». Voilà un titre bien prétentieux et ambitieux. De nombreux groupes médiocres ne se réclament-ils pas de la recherche sonore, du work in progress, et déclarent en interview « explorer de nouveaux territoires » ? Il faut que BLUR soit sacrément gonflé pour l’afficher sur la couverture : le public et les critiques l’attendront encore davantage au tournant.

L’essai est pourtant, en grande partie, transformé. Le disque est une réussite. Il parvient à juxtaposer des instruments et des sons plutôt inattendus, tout en conservant un emballage consistant, et une écriture rigoureuse.

« Ambulance », qui entame l’album, est assez fascinante : une grosse basse vibrante et glissante, qui soutient des chœurs et orgues, s’intègre ensuite à une deuxième partie plus ludique et tribale, enrobée dans une programmation rythmique inhabituelle… vraiment intéressant. Ou encore, la guitare enfantine (sorte de jouet mal accordé) sur « Jets », qui se fait rejoindre par une basse surpuissante, comme une ébauche d’exercice de style conclue par un saxophone aux envolées jazz… l’oreille ne peut que s’accrocher à ce type de petite folie.

J’apprécie également beaucoup le mariage entre la boites à rythmes de « On the Way to the Club », son clavier inquiétant, sa voix rêveuse. Et ce « Brothers and Sisters », sorte de faux hip-hop où les claviers anthropomorphiques nous font hésiter entre la danse et l’hypnose.

On ne peut pas dire qu’ils ne prennent pas de risque – le son de Parklife est bien loin…

Pas si loin que ça, quand on écoute bien : les racines pop ne sont pas oubliées avec « Out of Time » et son refrain entêtant, « Sweet Song » ou « Good Song », guitares folks ou piano, joliment écrites et aériennes. Elles font écho à certaines de leurs productions des débuts.

Les fans qui penchent du côté « college radio USA » se réjouiront du clin d’œil au succès planétaire « Song 2 » avec un « Crazy Beat » musclé et électrique, ou « We’ve Got a File on You », une minute totalement punk – hélas inutile, à ce stade de leur carrière… mais ils se font plaisir, et au sein d’un disque assez expérimental, cela montre qu’ils gardent de la distance et, donc, de l’humour.

Le reproche que l’on peut faire à ce disque porte naturellement sur une trop grande disparité des titres, un côté un brin indigeste. Pas étonnant de la part d’un « think tank ».

Les Anglais peuvent mettre fin à leur aventure avec le sentiment du devoir accompli. Rarement un groupe aussi accessible aura proposé une pop/rock aussi indépendante et exigeante. (A.T.N - FP).



TRACKLIST:

A1Ambulance5:08
A2Out Of Time3:51
A3Crazy Beat3:14
B1Good Song3:08
B2On The Way To The Club3:47
B3Brothers And Sisters3:47
C1Caravan4:35
C2We've Got A File On You1:02
C3Moroccan Peoples Revolutionary Bowls Club3:02
C4Sweet Song4:00
D1Jets6:25
D2Gene By Gene3:48
D3Battery In Your Leg3:19







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