dimanche 6 septembre 2015

Carlos Santana & Buddy Miles ! Live !



CARLOS SANTANA & BUDDY MILES ! LIVE ! (1972)
CBS ‎- S 65142 - Netherlands

L’année 1972 semble être une année de repos pour l’ami Carlos SANTANA. Entre les enregistrements des albums III et Caravanserai, le virtuose de la six cordes révélé à Woodstock s’accorde une tournée avec son ami, le batteur Buddy MILES, connu pour son jeu percutant et pour avoir coulé le Band Of Gypsys en s’étant attiré les foudres des puristes d’Hendrix qui regrettaient le jeune Mitch MITCHELL… Monumentale erreur selon moi. Quoiqu’il en soit, ladite tournée est aussi un prétexte qui permet à SANTANA de s’éloigner de son groupe étouffant et sombrant de plus en plus à mesure que le succès grandit (et il est pour la troupe, à l’époque, monumental) dans la trilogie sex, drugs and rock n’ roll. Finalement, la tournée s’achève sur cet album qu’il s’agit maintenant de décortiquer.

Joué et enregistré dans le cratère d’un volcan Hawaïen (sans déconner), ce concert ne pouvait en être que brûlant. Les deux premiers titres sont des instrumentaux, plutôt brefs par rapport à ce que nous avait habitué l’ami mexicain, mais joués à la vitesse de la lumière avec tous les instrumentistes du groupe réunis (peut-on imaginer un Santana sans ses divines percussions ?), la frappe funky de Buddy Miles en prime. Car là est tout l’intérêt de la galette : la guitare est là, cela ne fait aucun doute, les ingrédients de tous les (bons) Santana aussi, mais le tout se trouve magnifié par l’impulsion funky de MILES, impulsion qu’il avait parvenu à transmettre à HENDRIX quelques temps plus tôt mais qui n’avait pas su se libérer du carcan du trio. N’écoutons que « Them Changes », déjà interprétée dans le live du Band Of Gypsys mais de manière plutôt mollassonne (cet échec avait été attribué au batteur, aussi compositeur et chanteur du titre). Or, quand on entend ce que, cette fois-ci, la dizaine de musiciens présents sur scène a réussi à en faire, le solo de Santana, la voix de Miles enfin épanouie et qui hurle sur la fin comme emportée par sa propre folie, on peut se dire que c’est le Voodoo Child qui n’avait su tirer pleinement partie de l’immense potentiel de son batteur. Vous l’aurez compris, « Them Changes » est furieuse, Santana, Miles et leurs compagnons y excellent, chacun dans leur domaine.

Et puis il y a « Evil Ways », reprise d’une reprise parue sur le premier Santana. Tout d’abord, d’où sort cette intro ?? S’en suit la totale : jouée deux fois plus rapidement, trois chanteurs à la SLY AND THE FAMILY STONE, ces trompettes fabuleuses (comme sur « Them Changes » d’ailleurs), le riff magnifiquement exécuté par un SANTANA qui laisse ses copains claviéristes, trompettistes et percussionnistes s’éclater comme bon leur semble. Dansant tout simplement (à en croire les réactions du public, manifestement conquis par la fiesta générale), et un chroniqueur de disque de salsa vous l’expliquera mieux que moi.

Mais bon voilà, ces deux titres sont les deux seuls potentiellement écoutables : l’intérêt du dernier titre réside dans ses 25 minutes de délire portée par une basse proéminente, tendant irrémédiablement cette fois vers le funk, et où chacun des solistes a son mot à dire. Mention spéciale au son de la guitare de SANTANA, particulièrement acerbe et vicieux. Impossible de vous en décrire ici toutes les ficelles, je signale juste ce petit roulement militaire aux alentours des 11 minutes où guitare, basse, synthé (qui fait aussi des merveilles ne l’ai-je pas assez souligné ?), flûte (?) et bien sûr batterie fricotent avec un groove implacable avant l’explosion et les « whoohoo » incantatoires de MILES.

Vous l’avez sûrement compris, ce live est porté par des musiciens d’exception et par des titres en fusion, à la croisée entre les genres latinos propres à Carlos SANTANA, le jazz électrique qui allait bientôt accaparer sa carrière et le funk apporté par Buddy MILES. Rien n’est à jeter ça non, mais on peut regretter le peu de chansons (on en vent encore !) et les instrumentaux qui, délirants au premier abord et très bien menés (d’autant plus qu’improvisés de A à Z, j’ose le croire, dans le cas de « Free Form Funkafide Filth »), s’avèrent vite lourds et à ne pas écouter tous les jours. Tout cela reste quand même plus que recommandable, si ce n’est que pour (re)découvrir ce guitariste d’exception et se batteur/chanteur infiniment mal jugé. (TomTom - FP).


TRACKLIST:

A1. Marbles
A2. Lava
A3. Evil Ways
A4. Faith Interlude
A5. Them Changes

B. Free Form Funkafide Filth







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